Lespoir de l’organisation des Cardinals de St. Louis Chandler Redmond est devenu mercredi soir le deuxiĂšme joueur de l’ùre moderne du baseball Ă  GaryNeville, l’ancien capitaine de MU, a conseillĂ© Ă  Frenkie De Jong de porter plainte contre son club de Barcelone. Gary Neville a indiquĂ© que Frenkie De Jong devrait envisager une action Articleprincipal : Jeux olympiques d'hiver de 1964. Cet article prĂ©sente le classement des mĂ©dailles des Jeux olympiques d'hiver de 1964. Le CIO ne publie pas explicitement ce classement, mais publie des classements pour chaque Jeux. Ce tableau est triĂ© par dĂ©faut selon le nombre de mĂ©dailles d'or, puis, en cas d'Ă©galitĂ©, selon le rĂ©aliserLes commerciaux par exemple vont rĂ©aliser un classement de leurs. RĂ©aliser les commerciaux par exemple vont rĂ©aliser un. School École nationale de commerce et de gestion de Casablanca; Course Title FINANCE 3399; Uploaded By antoniocunha1989. Pages 54 Ratings 100% (1) 1 out of 1 people found this document helpful; This preview shows page 33 - 36 out of 54 Nouvelle prĂ©sidente du ComitĂ© paralympique et sportif français, Marie-AmĂ©lie Le Fur, huit fois mĂ©daillĂ©e paralympique, est diplĂŽmĂ©e Bonjourje bloque sur une question de Pix : Gary rĂ©alise un classement des champions olympiques. ComplĂ©tez le tableau Ă  tĂ©lĂ©charger Ă  l'aide du texte suivant. La kayakiste française Émilie Fer a remportĂ© l'or lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Elle a devancĂ© l'australienne Jessica Fox qui est repartie avec l'argent. Quel est Tenuen Ă©chec Ă  la maison mercredi, le PSG Handball devra rĂ©aliser une performance majeure Ă  Kiel dans une semaine, pour espĂ©rer rallier le Final Four. Ily aura 3 possibilitĂ©s de qualification pour cette compĂ©tition aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020: via le classement de la FIBA pour le 3x3 (4 places par sexe); via un tournoi de qualification olympique (3 places par sexe); et via un tournoi de qualification olympique universel (1 place par sexe). Plus de dĂ©tails ici. UIPM . La pentathlĂšte Ilke Ozyuksel a reçu le prix Mustafa NikolaJokic, Will Barton et Gary Harris rĂ©alisent Ă©galement un belle prestation avec 18 points, 6 rebonds, 5 passes dĂ©cisives pour le premier, 14 points, 13 rebonds, 5 passes dĂ©cisives pour le second et 19 points, 1 rebond, 5 passes dĂ©cisives pour le troisiĂšme. Pour les Lakers, Anthony Davis rĂ©alise tout le boulot en l’absence de LeBron avec 32 points, 11 rebonds LaFrance compte dix-huit athlĂštes ayant remportĂ© au moins trois mĂ©dailles d'or, dont un quintuple champion olympique ( Martin Fourcade ), deux quadruples champions et quinze triples champions. Champions olympiques français avec au moins trois mĂ©dailles d'or. Titres. SUil. Introduction1Les sports olympiques, et la natation de compĂ©tition en particulier, offrent une occasion exceptionnellement claire pour Ă©tudier la nature de l’excellence. Dans d’autres champs, il peut ĂȘtre moins facile de dire quels sont les performers d’exception le peintre ou le pianiste le plus brillant, le businessman le plus productif, la serveuse la plus attentionnĂ©e ou le meilleur des pĂšres. Mais, dans le sport et c’est lĂ  un de ses charmes, le succĂšs est dĂ©fini plus exactement, par le succĂšs dans des compĂ©titions. Il y a des mĂ©dailles, des rubans et des coupes pour les premiĂšres, secondes et troisiĂšmes places ; des matches sont organisĂ©s pour faire se rencontrer les meilleurs compĂ©titeurs du monde ; en natation et en athlĂ©tisme, les temps sont mesurĂ©s Ă©lectroniquement au centiĂšme de seconde prĂšs ; il y a des statistiques publiĂ©es et des classements annoncĂ©s chaque mois ou chaque semaine. A la fin des Jeux olympiques, tous les quatre ans, on sait clairement qui a gagnĂ© et qui a perdu, qui est allĂ© en finale, qui a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© pour les Jeux, et qui n’a jamais participĂ© aux compĂ©titions sportives. 2Au sein de la natation de compĂ©tition tout spĂ©cialement, une stratification tranchĂ©e existe, non seulement entre les individus mais aussi bien entre les niveaux dĂ©finis dans ce sport. Au niveau infĂ©rieur, on a les Ă©quipes de clubs de campagne, qui fonctionnent pendant la saison estivale dans le cadre de tournois organisĂ©s de maniĂšre peu formelle, et modĂ©rĂ©ment compĂ©titifs. Au-dessus, il y a des Ă©quipes qui reprĂ©sentent des villes entiĂšres et qui concourent contre d’autres Ă©quipes reprĂ©sentant d’autres villes de l’Etat ou de la rĂ©gion ensuite, le niveau de compĂ©tition National Junior » qui aligne les meilleurs jeunes athlĂštes en dessous de 18 ans ; puis, le niveau National Senior tous Ăąges, les meilleurs du pays et, finalement, les champions qu’on peut appeler de classe olympique ou mondiale. A chacun de ces niveaux, on trouve, de maniĂšre prĂ©visible, certains individus en compĂ©tition tel athlĂšte nage dans un tournoi d’étĂ©, et ne rencontre jamais les nageurs d’autres villes tel nageur peut ĂȘtre rĂ©guliĂšrement qualifiĂ© pour des Ă©preuves Nationales Junior, mais pas pour les Ă©preuves Senior un troisiĂšme peut nager aux Jeux, mais ne jamais retourner dans les Ă©preuves Nationales Junior. Les niveaux du sport sont remarquablement distincts les uns des autres. 3C’est pratique pour celui qui Ă©tudie la stratification. Comme le succĂšs en natation est bien dĂ©finissable, et le systĂšme de stratification relativement peu ambigu si bien que le progrĂšs d’un athlĂšte peut ĂȘtre aisĂ©ment mesurĂ©, nous pouvons clairement voir, en comparant les niveaux et en Ă©tudiant les individus dans leurs dĂ©placements entre, et au sein, des niveaux, ce qui produit exactement l’excellence. En outre, les carriĂšres en natation sont relativement courtes on peut obtenir des succĂšs remarquables en peu de temps. Rowdy Gaines, dĂ©butant en sport Ă  17 ans, est passĂ© directement d’un club local au record du monde dans un 100 mĂštres nage libre en seulement trois annĂ©es. Cela permet au chercheur de mener une vĂ©ritable recherche longitudinale en peu de temps. 4Bref, en natation compĂ©titive, on peut apprendre assez vite quelque chose Ă  propos de la stratification c’est un lieu privilĂ©giĂ© pour Ă©tudier la nature de l’excellence. 5L’approche suivie ici s’inscrit dans l’interactionnisme symbolique et la phĂ©nomĂ©nologie, tels qu’ils sont dĂ©finis par Peter Berger et Thomas Luckmann, Herbert Blumer et Alfred Schutz [2]. La littĂ©rature de sociologie du sport est pauvre sur la natation on s’appuiera sur des classiques et quelques travaux rĂ©cents [3].La recherche6De janvier 1983 Ă  aoĂ»t 1984, j’ai assistĂ© Ă  une sĂ©rie de rencontres de natation, de classe nationale et internationale, organisĂ©es par United States Swimming, Inc. USS, l’instance dirigeante nationale pour cette discipline. United States Swimming contrĂŽle le processus de sĂ©lection des Ă©quipes amĂ©ricaines pour les rencontres internationales tels les Jeux olympiques, et accrĂ©dite plusieurs milliers de clubs amateurs dans tout le pays, rĂ©unissant plusieurs centaines de milliers d’athlĂštes, en majoritĂ© des enfants et des adolescents. Ces clubs fournissent la base organisationnelle de la natation amateure en AmĂ©rique. Les compĂ©titions suivies comprenaient Ă  la fois des rencontres indoor et des Championnats nationaux outdoor, le meeting International de l’USS, le tournoi des Champions du magazine Seventeen, le meeting des Champions Speedo / Dupont, les rencontres prĂ©paratoires aux Jeux de 1984 et les Jeux olympiques de 1984 eux-mĂȘmes. J’avais une accrĂ©ditation de journaliste et j’étais libre de me dĂ©placer et de parler Ă  qui je voulais. Dans la plupart des dĂ©placements, je voyageais avec los Nadadores les Nageurs de Mission Viejo Californie, champions par Ă©quipe des Etats-Unis Ă  l’époque, partageant leur vie lors des transferts en avion, Ă  l’hĂŽtel, pour les repas et en ville. J’ai vĂ©cu avec les entraĂźneurs et les athlĂštes de cette Ă©quipe en assumant le rĂŽle traditionnel d’observateur participant. Il Ă©tait explicite pour tout le monde que j’étais lĂ  en tant que chercheur il n’y a eu aucune tromperie Ă  aucun moment de l’enquĂȘte. Durant cette phase et par la suite, j’ai interviewĂ© un total de quelque 120 nageurs et entraĂźneurs de classe nationale et mondiale [4]. 7Pendant ces annĂ©es, j’ai frĂ©quemment passĂ© de trois jours Ă  un mois et demi Ă  Mission Viejo Ă  une heure de route, au sud de Los Angeles en cĂŽtoyant les entraĂźneurs, visitant les installations et interviewant nageurs, entraĂźneurs et officiels. Le club des Nageurs m’a ouvert complĂštement l’accĂšs aux lieux de pratique, aux sĂ©ances de musculation, aux rĂ©unions d’équipe, aux soirĂ©es et autres Ă©vĂšnements. De plus, j’étais prĂ©sent Ă  Mission Viejo pendant le stage de PrĂ©paration olympique qui s’est tenu lĂ  en juillet 1984, et j’étais le seul non-membre du club au bord des bassins pendant les aprĂšs-midis d’entraĂźnement Ă  huis clos de l’équipe olympique. En outre, je viens d’achever cinq annĂ©es comme entraĂźneur d’une Ă©quipe de nageurs de niveau d’ñge rĂ©gional 7-16 ans dans l’Etat de New York. Dans cette fonction, je me suis rendu Ă  de nombreux meetings, depuis la rĂ©union du plus petit club de campagne dans le Championnat de la Zone Est, jusqu’aux grands meetings de la Mississipi River. J’ai aussi entraĂźnĂ© dans le sud des Etats-Unis, et travaillĂ© avec des dĂ©butants comme avec des dĂ©tenteurs de records du groupe d’ñge National. 8Bref, ce compte-rendu repose sur une expĂ©rience durable partagĂ©e avec les nageurs Ă  tous les niveaux d’habiletĂ©, pendant une demi-douzaine d’annĂ©es. L’observation a couvert l’ensemble des carriĂšres, et j’ai eu la chance de comparer, non seulement des athlĂštes appartenant au mĂȘme niveau perception que la plupart des entraĂźneurs partagent, mais entre les niveaux les plus contrastĂ©s. De ce fait, les analyses Ă©vitent l’habituel problĂšme de sociologie de la connaissance » de l’observateur uniquement familiarisĂ© avec les athlĂštes d’un seul niveau. Quand des entraĂźneurs de haut-niveau, par exemple, discutent de ce qui permet le succĂšs, ils pensent souvent Ă  des diffĂ©rences entre les athlĂštes qu’ils observent dans le haut-niveau. Leur ignorance des rĂ©alitĂ©s quotidiennes des niveaux infĂ©rieurs programmes d’apprentissage de la nage, Ă©quipes de clubs de campagne les empĂȘche d’avoir une vision vĂ©ritablement comparative. Ou quand des journalistes sportifs Ă©crivent Ă  propos des athlĂštes qualifiĂ©s aux Jeux, ils commencent de maniĂšre typique la recherche une fois que les actions dĂ©cisives ont eu lieu, et ils manquent d’une vĂ©ritable perspective longitudinale ; la mĂ©morisation par le nageur de son histoire passĂ©e subira des distorsions. 9Cette Ă©tude des nageurs olympiques, Ă  l’opposĂ©, 1 observe diffĂ©rents niveaux du sport, et 2 a Ă©tĂ© engagĂ© bien avant les Jeux, alors que personne ne connaissait Ă©videmment qui gagnerait et qui ne gagnerait pas elle fut conçue avec le projet explicite de voir comment la plante pousse avant que la fleur ne s’épanouisse. Le rĂ©sultat est Ă  la fois transversal en observant tous les niveaux du sport et longitudinal couvrant l’étendue des carriĂšres.10Par excellence », j’entends une supĂ©rioritĂ© durable des performances ». L’athlĂšte qui excelle rĂ©alise rĂ©guliĂšrement, voire de maniĂšre routiniĂšre, des performances meilleures que celles de ses concurrentes. La permanence des performances supĂ©rieures indique qu’un athlĂšte est vĂ©ritablement meilleur qu’un autre, et que la diffĂ©rence entre eux n’est pas le produit de la chance. Cette dĂ©finition s’applique Ă  tous les niveaux du sport, et diffĂ©rencie les athlĂštes. La supĂ©rioritĂ© discutĂ©e ici peut ĂȘtre celle d’un nageur sur un autre, ou de tous les athlĂštes d’un niveau disons, le niveau olympique sur un autre niveau. Par cette dĂ©finition, nous ne sommes pas contraints de juger une performance Ă  l’aune d’un critĂšre absolu, mais seulement par rapport Ă  d’autres performances. Il y a des leaders reconnus dans toute Ă©quipe, tout comme il y a des Ă©quipes largement reconnues comme dominantes. 11Pour prĂ©senter ce que sont les sources de l’excellence pour des athlĂštes olympiques, je dois suggĂ©rer tout d’abord – rĂ©servant la dĂ©monstration pour plus tard – ce qui ne produit pas l’ n’est pas, selon mes rĂ©sultats, le produit de personnalitĂ©s socialement dĂ©viantes. Ces nageurs ne semblent pas ĂȘtre des hurluberlus », ni des sauvages » des gosses qui ont abandonnĂ© la vie normale des teenagers » [5]. Si leurs comportements rĂ©sultent de traits de personnalitĂ©, ces traits ne sont pas Ă©vidents. Peut-ĂȘtre est-ce vrai, comme le veut la mythologie des sports, que les meilleurs athlĂštes ont plus confiance en eux-mĂȘmes bien que ce point soit discutable ; mais une telle confiance pourrait ĂȘtre un effet de la rĂ©ussite, non une cause de celle-ci [6].L’excellence ne rĂ©sulte pas de changements quantitatifs du comportement. Une augmentation du temps d’entraĂźnement, per se, ne fait pas nager plus vite, et n’amĂ©liore pas la prĂ©paration psychologique, de mĂȘme que de mouvoir les bras plus vite. Faire simplement davantage du mĂȘme ne conduit pas Ă  une Ă©lĂ©vation du niveau en ne rĂ©sulte pas de quelque qualitĂ© intime spĂ©ciale de l’athlĂšte. Le talent » est le mot usuel pour cette qualitĂ© parfois, on parle de don », ou d’ aptitude naturelle ». Ces termes sont employĂ©s pour mystifier les procĂ©dĂ©s terre-Ă -terre de la rĂ©ussite en sport, nous Ă©loignant d’une analyse rĂ©aliste des facteurs concrets qui mĂšnent Ă  la performance superlative, et nous protĂ©geant du sentiment de responsabilitĂ© face Ă  nos propres alors, d’oĂč vient l’excellence, la supĂ©rioritĂ© rĂ©guliĂšre des performances ?I – L’excellence suppose une diffĂ©renciation qualitative12L’excellence dans la natation de compĂ©tition est atteinte par le biais d’une diffĂ©renciation qualitative avec les autres nageurs, et non au moyen d’une augmentation quantitative de l’activitĂ©. Cela signifie, en bref, que les niveaux du sport sont qualitativement distincts la stratification est discrĂšte, non continue ; et, du fait de ces caractĂ©ristiques, l’univers de la natation se prĂ©sente comme une multiplicitĂ© de mondes, plutĂŽt que comme une entitĂ© unique, chacun de ces mondes ayant ses formes de comportements. 13Avant de dĂ©tailler ces points, je dois Ă©claircir ce qu’on entend par quantitatif » et qualitatif ». Par quantitĂ©, nous entendons le nombre ou le montant de quelque chose. Une amĂ©lioration quantitative suppose l’accroissement du nombre d’une des choses que l’on fait. Un athlĂšte qui s’entraĂźne 2 heures par jour et augmente cette activitĂ© Ă  4 heures a accompli un changement quantitatif de comportement. Ou, une nageuse qui nage 5 miles et passe Ă  7 miles. Elle fait davantage de la mĂȘme chose. Ou encore, un nageur de style libre qui, tout en conservant la mĂȘme technique de crawl, dĂ©place ses bras Ă  un nombre plus Ă©levĂ© de mouvements par minute, a effectuĂ© un changement quantitatif. Une amĂ©lioration quantitative implique de faire davantage de la mĂȘme chose. 14Par qualitĂ©, par contre, nous entendons le caractĂšre ou la nature de la chose. Un changement qualitatif suppose de modifier ce qui est actuellement fait, et pas seulement d’en faire plus. Pour un nageur, un changement de qualitĂ© dans sa technique de brasse consisterait Ă  Ă©carter mouvement de godille les bras vers les cĂŽtĂ©s extĂ©rieurs plutĂŽt que de les tirer directement vers l’arriĂšre ; ou, au lieu de se soulever hors de l’eau au moment du virage, de rester prĂšs de la surface. Les autres changements qualitatifs comprennent d’aller concourir dans un meeting rĂ©gional, au lieu de rester dans un meeting local ; manger des lĂ©gumes et absorber des hydrates de carbone plutĂŽt que des graisses et des sucres ; s’inscrire Ă  un Ă©vĂ©nement de niveau plus faible plutĂŽt qu’à un plus fort ; apprendre Ă  faire un virage culbute en crawl plutĂŽt que de se retourner et de pousser le bord ; ou de s’entraĂźner Ă  un niveau d’intensitĂ© quasi-compĂ©titif plutĂŽt qu’irrĂ©guliĂšrement. Chacun d’entre eux implique de faire les choses diffĂ©remment qu’avant, pas nĂ©cessairement de faire plus. Une amĂ©lioration qualitative suppose de faire des sortes de choses diffĂ©rentes. 15Ensuite, nous pouvons examiner comment une diffĂ©renciation qualitative devient manifeste. 16* Les diffĂ©rents niveaux du sport sont qualitativement distincts. Les champions olympiques ne font pas seulement davantage de la mĂȘme chose que les nageurs des clubs de campagne des tournois d’étĂ©. Ils ne font pas que nager plus d’heures, ou mouvoir leurs bras plus vite, ou suivre un plus grand nombre d’entraĂźnements. Ce qui les rend plus rapides ne peut ĂȘtre comparĂ© quantitativement aux nageurs de niveau infĂ©rieur, parce que mĂȘme s’il y a des diffĂ©rences quantitatives – et certainement il y en a, par exemple dans le nombre d’heures passĂ©es Ă  s’entraĂźner –, elles ne sont pas du tout, je pense, le facteur dĂ©cisif [7]. 17Au lieu de cela, ils font les choses diffĂ©remment. Leurs brasses sont diffĂ©rentes, leurs attitudes sont diffĂ©rentes, leurs groupes d’amis sont diffĂ©rents ; leurs parents ont un rapport au sport diffĂ©rent, les nageurs se prĂ©parent diffĂ©remment pour leurs courses, et ils s’inscrivent dans des catĂ©gories de meetings et de rĂ©unions diffĂ©rentes. Il y a de multiples discontinuitĂ©s de cette sorte entre, disons, les nageurs engagĂ©s dans les compĂ©titions des Championnats de la Ville du coin et ceux qui participent aux compĂ©titions prĂ©-olympiques. Il faut prendre en considĂ©ration trois types de diffĂ©rences. 181 La technique. Les styles de mouvements, de plongeon et de virage sont radicalement diffĂ©rents aux diffĂ©rents niveaux. Au niveau C » le plus bas dans le systĂšme de classement de l’United States Swimming, une nageuse de brasse tend Ă  ramener ses bras loin derriĂšre elle, Ă  battre des jambes largement sans les ramener ensemble Ă  la fin, Ă  se maintenir assez haut hors de l’eau dans le virage, Ă  manquer de prendre une grande impulsion aprĂšs le virage, et toucher d’une seule main lors du finish. Par comparaison, un nageur de haut niveau AAAA », en brasse, Ă©carte les bras vers les cĂŽtĂ©s extĂ©rieurs puis les ramĂšne vers l’intĂ©rieur contre la poitrine d’un mouvement trĂšs similaire Ă  un balayage ne tirant jamais les bras de l’avant vers l’arriĂšre, produit des battements Ă  faible amplitude et avec les pieds qui reviennent ensemble, reste en position immergĂ©e dans les virages, prend une longue impulsion sous l’eau aprĂšs le virage et touche la ligne de finish des deux mains. Non seulement les mouvements sont diffĂ©rents, mais ils sont si diffĂ©rents qu’un nageur C » serait Ă©tonnĂ© de voir Ă  quoi un nageur AAAA » ressemble quand il nage. L’apparence elle-mĂȘme est dramatiquement diffĂ©rente, tout comme la vitesse Ă  laquelle il nage. Il en va de mĂȘme pour les autres nages Ă  un degrĂ© plus ou moins Ă©levĂ©, et certainement pour les dĂ©parts plongeons et les virages. Pour apporter une autre observation, les nageurs de niveau olympique sont Ă©tonnamment silencieux quand ils plongent – ça fait un petit splash ». Inutile de dire qu’avec un dĂ©butant de 10 ans, il n’en va pas de mĂȘme. 192 La discipline. Les meilleurs nageurs sont les plus stricts avec leur entraĂźnement, venant aux sĂ©ances Ă  l’heure, faisant soigneusement les mouvements canoniques de la nage compĂ©titive sans violer les rĂšgles techniques de la discipline [8], surveillant ce qu’ils mangent, dormant avec rĂ©gularitĂ©, faisant les Ă©chauffements adĂ©quats avant les Ă©preuves, et ainsi de suite. Leur Ă©nergie est soigneusement canalisĂ©e. Le plongeur Greg Louganis, qui remporta deux mĂ©dailles d’or aux Jeux de 1984, pratiquait seulement trois heures par jour – ce qui n’est pas un long temps – divisĂ©es en deux ou trois sessions. Mais, durant chaque session, il essaye de faire en sorte que chaque plongeon soit parfait. Louganis ne bĂącle jamais durant l’entraĂźnement, et de mĂȘme il ne bĂącle pas en compĂ©tition [9]. 203 L’attitude. Aux plus hauts niveaux de la natation compĂ©titive, quelque chose comme une inversion d’attitude prend place. Les aspects mĂȘmes du sport que le nageur de classe C » trouve astreignants, le nageur de haut-niveau les apprĂ©cie. Ce que les autres perçoivent comme ennuyeux – disons, nager de long en large, le long d’une ligne d’eau – ils le trouvent paisible, voire mĂ©ditatif [10], le prennent souvent comme un dĂ©fi, ou comme une thĂ©rapie. Ils savourent les tĂąches les plus dures, se projettent vers les compĂ©titions les plus difficiles, essayent de se fixer des buts exigeants. Venant pour l’entraĂźnement de 17h30 Ă  Mission Viejo, de nombreux nageurs arrivaient frais, rigolards, bavardant, savourant la vie, apprĂ©ciant peut-ĂȘtre le fait que la plupart des gens auraient positivement dĂ©testĂ© faire cela. Il est faux de croire que les athlĂštes d’élite endurent de grands sacrifices pour parvenir Ă  leurs fins. Souvent, ils ne perçoivent pas ce qu’ils font comme un sacrifice. Ils aiment ça [11]. 21Ces diffĂ©rences qualitatives sont ce qui distingue les niveaux du sport. Elles sont trĂšs nettes, tandis que les diffĂ©rences quantitatives entre les niveaux, aussi bien dans l’entraĂźnement que dans la compĂ©tition, peuvent ĂȘtre Ă©tonnamment faibles en vĂ©ritĂ©. David Hemery, qui gagna une mĂ©daille d’or au 400 mĂštres haies aux Jeux de 1968, a recueilli des interviews d’athlĂštes de classe mondiale dans 22 disciplines diffĂ©rentes. La plupart du temps, le temps passĂ© Ă  s’entraĂźner un facteur quantitatif, dans notre analyse ne change pas significativement depuis le dĂ©but de leur spĂ©cialisation jusqu’au haut niveau ». MalgrĂ© tout, de petites diffĂ©rences quantitatives dans les performances peuvent ĂȘtre liĂ©es Ă  de trĂšs grandes diffĂ©rences qualitatives dans la finale du 100 mĂštres nage libre hommes des Jeux de 1984, Rowdy Gaines, le vainqueur, finit devant Mark Stockwell, le second, avec 44 centiĂšmes de seconde d’avance, soit 0,8%. Entre Gaines et le nageur classĂ© huitiĂšme pratiquement inconnu, Dirk Korthals, d’Allemagne de l’Ouest, il y avait seulement 2,2% de diffĂ©rence de temps. En fait, entre Rowdy Gaines, le nageur le plus rapide du monde cette annĂ©e-lĂ , et un champion dans la catĂ©gorie des dix ans, la diffĂ©rence quantitative en vitesse n’est que de 30%. Encore une fois ici, comme dans bien des cas, une diffĂ©rence quantitative plutĂŽt faible produit une diffĂ©rence qualitative Ă©norme. Gaines fut nettement un vainqueur des plus grandes compĂ©titions internationales, dĂ©tenteur du record du monde et de mĂ©dailles d’or au cours de trois Jeux olympiques. 22* La stratification du sport est discrĂšte, non continue. Entre les niveaux du sport, il y a des ruptures – ou discontinuitĂ©s – significatives. Cela inclut des diffĂ©rences dans les attitudes, la discipline et la technique qui, en retour, produisent des diffĂ©rences de rapiditĂ©, petites, mais consĂ©quentes. Des Ă©quipes toutes entiĂšres prĂ©sentent de telles diffĂ©rences quant Ă  l’attitude, la discipline et la technique qu’elles paraissent vĂ©ritablement liĂ©es » Ă  certains niveaux [12]. Certaines Ă©quipes rĂ©ussissent toujours bien Ă  certains niveaux du Championnat National, d’autres au niveau RĂ©gional, d’autres aux rencontres locales. Et, assurĂ©ment, certains nageurs restent typiquement au sein d’un mĂȘme niveau tout au long de leur carriĂšre, conservant durant toute cette carriĂšre les mĂȘmes habitudes qu’ils avaient Ă  leurs dĂ©buts. Au sein d’un niveau, les amĂ©liorations en termes de compĂ©tition pour de tels nageurs sont typiquement marginales, reflĂ©tant surtout les Ă©carts diffĂ©rentiels de croissance au tout dĂ©but de la pubertĂ©, par ex. ou les manƓuvres pour ĂȘtre sĂ©lectionnĂ© dans la petite sphĂšre de leur niveau. 23Je suggĂšre ici que les athlĂštes n’atteignent pas le plus haut-niveau simplement par un processus de progression, en accumulant purement du temps dans la pratique ; les amĂ©liorations d’un niveau Ă  l’autre ne rĂ©sultent pas de changements quantitatifs. Aucune quantitĂ© de travail supplĂ©mentaire en soi ne transformera un nageur de classe C » en un nageur AAAA » sans qu’il y ait concurremment des changements qualitatifs dans la maniĂšre de faire ce travail. Au-delĂ  d’une amĂ©lioration initiale de la force, de la souplesse et des sensations, il y a peu de gains de vitesse Ă  rĂ©aliser Ă  travers une simple augmentation du volume d’entraĂźnement. Au contraire, les athlĂštes parviennent aux plus hauts niveaux grĂące Ă  des sauts qualitatifs des changements notables dans leur technique, la discipline et les attitudes, rĂ©alisĂ©s journellement Ă  travers un changement de cadre, e. g. en se joignant Ă  un nouveau groupe avec un nouvel entraĂźneur, de nouveaux amis, etc. qui travaillent Ă  un plus haut niveau. Sans ces sauts qualitatifs, aucune amĂ©lioration majeure ascension dans les niveaux de la compĂ©tition ne se produira. 24Nous rencontrons le mĂȘme phĂ©nomĂšne dans d’autres domaines d’action. Carl von Clausewitz, l’auteur d’un traitĂ© de stratĂ©gie militaire classique du XIXe siĂšcle, De la Guerre, note que les grands gĂ©nĂ©raux et il aurait pu ajouter, les grands nageurs et entraĂźneurs montent en grade rapidement. SpĂ©cialement pendant les pĂ©riodes de guerre, quand le rĂ©sultat sur le champ de bataille est une nĂ©cessitĂ© vitale, il n’y a pas de longue pĂ©riode d’apprentissage avant d’atteindre les plus hauts rangs, ni d’ accumulation » ennuyeuse de savoirs ou d’habiletĂ©s 25 Les grands gĂ©nĂ©raux ne sont jamais issus de la caste des officiers Ă©rudits, ou des savants. La plupart du temps, leur situation ne les avait guĂšre mis en mesure d’accumuler de vastes connaissances
 Il n’y a pas d’activitĂ© de l’intelligence humaine possible sans l’acquisition d’un ensemble de notions. Il s’agit donc seulement de savoir de quelle espĂšce doivent ĂȘtre ces notions. » [13] 26Le mĂȘme schĂ©ma vaut pour la vie universitaire. Les figures majeures d’une discipline ne sont pas ceux qui ont la quantitĂ© de production la plus grande – bien que cela puisse donner un avantage Ă  ceux qui sont largement lus – mais plutĂŽt ceux qui Ă©crivent des articles et des livres d’une qualitĂ© ou d’un genre tel qu’ils sont largement lus et commentĂ©s. Jamais le simple nombre de papiers prĂ©sentĂ©s dans des confĂ©rences locales ou publiĂ©s dans des journaux mineurs ne sera Ă©quivalent Ă  une MĂ©daille d’or du CNRS en sociologie [14] ou Ă  un article dans Deadalus [15]. Au niveau micro, augmenter simplement le nombre d’heures de travail fait chaque jour ne produira aucun changement majeur de statut si le genre de travail fait reste le mĂȘme. 27Cela reste difficile Ă  croire complĂštement. Cela semble contredire notre sens commun », ce que nous voyons dans notre expĂ©rience quotidienne. Le fait est que, quand autour de nous les gens en font davantage, ils tendent Ă  faire mieux. Quand on joue une partie de football le weekend, un simple accroissement des efforts par exemple en marquant en permanence un adversaire conduit Ă  une meilleure rĂ©ussite Cette bande de mecs va-t-elle se saigner, juste pour finir aller boire une biĂšre ? ». On dit aux enfants dans les championnats scolaires – et leurs entraĂźneurs finissent par le croire – que travailler dur est la premiĂšre cause de la rĂ©ussite [16], et les entraĂźneurs de natation partagent largement la croyance que ceux qui sont dans le sport le plus long temps et nagent tout au long de l’annĂ©e ont le plus de succĂšs. Les entraĂźneurs de haut-niveau amĂ©ricains sont pris dans le mĂȘme prĂ©jugĂ©, attribuant souvent la rĂ©ussite au dur labeur » ou au talent ». Comme ils vivent, de maniĂšre non-rĂ©flexive, dans le haut-niveau ayant effectuĂ© lĂ  presque toute leur carriĂšre d’entraĂźneur, ils ne voient jamais ce qui crĂ©e les diffĂ©rences entre les niveaux. Le fait est que les changements quantitatifs apportent la rĂ©ussite – mais seulement au sein d’un niveau dans la discipline [17]. Faire plus du mĂȘme apporte quelques bĂ©nĂ©fices, mais seulement sous une forme limitĂ©e, localisĂ©e. On peut s’assurer un mince avantage sur ses pairs en faisant plus sans changer la qualitĂ© de ce qui est fait. 28Ayant vu que le plus est le mieux » au sein de situations locales, nous essayons d’extrapoler [18]. Si je travaille dur ce point pour atteindre mon niveau, avec quelle duretĂ© les nageurs olympiques devront-ils travailler ? Si je fais tel sacrifice pour me qualifier pour les Championnats de l’Etat, quel sacrifice doivent-ils faire ? On croit, en extrapolant Ă  partir de ce que l’on a appris Ă  propos de la rĂ©ussite Ă  son propre niveau, qu’ils doivent travailler de maniĂšre incroyablement dure, qu’ils doivent ressentir une pression formidable, qu’ils doivent faire de plus en plus de sacrifices pour rĂ©ussir. Supposant implicitement que la stratification en sport est continue plutĂŽt que discrĂšte que les diffĂ©rences sont quantitatives, on croit que les athlĂštes de haut-niveau font des choses incroyables. En bref, on croit qu’ils doivent ĂȘtre surhumains. 29* Ce sont rĂ©ellement plusieurs mondes, chacun avec ses modĂšles de conduite. L’analyse dĂ©veloppĂ©e ci-dessus peut ĂȘtre poussĂ©e un cran plus avant. Si, comme je l’ai suggĂ©rĂ©, il y a rĂ©ellement des ruptures qualitatives entre les niveaux du sport, et si les gens ne font pas leur chemin vers la gloire » simplement dans un sens additif, peut-ĂȘtre que notre conception d’un seul monde de la natation est inappropriĂ©e. J’ai parlĂ© du sommet » du sport, et de niveaux » au sein du sport. Ces mots suggĂšrent que tous les nageurs sont, Ă  proprement parler, en train de monter la mĂȘme Ă©chelle, visant les mĂȘmes buts, partageant les mĂȘmes valeurs, nageant les mĂȘmes nages, tous aspirant Ă  la mĂ©daille d’or olympique. Mais ils ne le sont pas [19]. Certains veulent des mĂ©dailles d’or, d’autres veulent appartenir Ă  la sĂ©lection nationale, d’autres veulent de l’exercice, ou se marrer avec des potes, ou ĂȘtre en plein air, au soleil et dans l’eau. Certains essaient d’échapper Ă  leur famille. Les images de l’élite » et des niveaux » de la natation que j’ai employĂ©es jusqu’ici sont le reflet de la domination d’une certaine fraction de nageurs et d’entraĂźneurs dans le sport l’élite est ce qu’ils considĂšrent comme l’élite, et leur dĂ©finition du succĂšs est celle qui a le plus largement cours dans United States Swimming. Les nageurs les plus rapides considĂšrent comme allant de soi que ce qui est rapide est le meilleur – plutĂŽt que, par exemple, le plus beau qui soit le meilleur ; ou que l’implication des parents est ce qu’il y a de mieux ; ou que les enfants bien dans leur corps » quelque soit la signification de ceci, c’est le mieux. La terminologie elle-mĂȘme, Ă©lite » et niveau », rĂ©ifie le systĂšme de classement en vigueur. 30Une telle rĂ©ification n’est pas seulement suspecte d’un point de vue analytique, elle est aussi incorrecte au plan empirique. La plupart des nageurs n’ont pas envie de gagner une mĂ©daille olympique. Quelques-uns peuvent avoir, au mieux, un vague dĂ©sir, non-suivi d’actes, d’aller un jour aux Championnats Nationaux. Bien sĂ»r, si un adulte demande Ă  un enfant ce qu’il veut accomplir en nageant, l’enfant rĂ©pondra je veux devenir Champion olympique », mais c’est davantage pour impressionner ou pour faire plaisir aux adultes que pour annoncer les intentions personnelles de l’enfant. Quand les athlĂštes les plus jeunes parlent de ce genre de sujet, c’est pour partager des rĂȘves, pas pour annoncer des plans ; et les fantasmes sont plus souvent apprĂ©ciĂ©s dans leur irrĂ©alitĂ© que dans leur rĂ©alisation. 31Aussi, nous devons envisager non un monde de la natation, mais de multiples mondes [20] et changer de monde est une Ă©tape importante vers l’excellence, une diffĂ©renciation verticale plutĂŽt qu’horizontale du sport. Ce que j’ai appelĂ© des niveaux » est mieux dĂ©crit comme des mondes » ou des sphĂšres ». Dans certains de ces mondes, les parents sont vaguement impliquĂ©s, les entraĂźneurs sont des adolescents employĂ©s comme des surveillants, les pratiques ont lieu peu de fois dans la semaine, les compĂ©titions sont programmĂ©es peut-ĂȘtre une semaine Ă  l’avance, la saison dure quelques semaines pendant l’étĂ©, et les nageurs qui sont plus nettement rapides que les autres peuvent ĂȘtre dĂ©couragĂ©s par la pression sociale d’aller en compĂ©tition, parce qu’ils trouvent le plaisir en dehors d’elle [21]. Le grand Ă©vĂ©nement de la saison est le Championnat de la Ville, quand les enfants de toute l’aire mĂ©tropolitaine viennent passer deux jours Ă  concourir les uns et les autres dans de multiples Ă©preuves, et le reste du temps demeurent assis sous de grandes tentes Ă  jouer aux cartes, lire, Ă©couter de la musique, et bavarder. Dans un autre monde, les entraĂźneurs sont trĂšs puissants, les parents ne sont aperçus qu’occasionnellement et jamais sur les bords de bassin, les nageurs voyagent sur des milliers de kilomĂštres pour participer Ă  des rencontres, ils nagent six jours par semaine pendant des annĂ©es en continu, et les plus rapides parmi eux sont objets de respect et de louanges. Le grand Ă©vĂ©nement dans la saison peut ĂȘtre le Championnat National, oĂč les athlĂštes passent beaucoup de temps – s’asseyant sous de grandes tentes, jouant aux cartes, lisant, Ă©coutant de la musique et bavardant [22]. 32Chacun de ces mondes enferme une figure de personnage puissant et d’athlĂšte dominant, et occuper une position prĂ©dominante dans un monde ne garantit pas d’en avoir une dans un autre [23]. Aux niveaux les plus modestes, les parents des nageurs ont voix au chapitre ; au plus haut niveau, les entraĂźneurs ; peut-ĂȘtre dans les Ă©quipes de MaĂźtres, qui sont composĂ©es de nageurs de plus de 25 ans, les nageurs eux-mĂȘmes [24]. Chaque monde a des buts distincts aller aux Jeux olympiques, faire un bon temps aux Championnats nationaux, gagner un tournoi local, avoir du bon temps dans les semaines qui viennent. Dans chaque monde, les techniques sont au moins quelque peu diffĂ©rentes comme pour le geste de brasse, discutĂ© plus haut et les familles et les amis ont leur rĂŽle. Sous tous ces rapports, et bien d’autres encore, chaque soit-disant niveau » de la natation compĂ©titive est diffĂ©rent des autres. Les diffĂ©rences ne sont pas de simples Ă©carts quantifiables dans un espace unidimensionnel menant vers les Jeux olympiques. Les objectifs sont variĂ©s, les participants ont des engagements multiples, les techniques se mĂ©langent [25]. 33Cette notion de diffĂ©renciation horizontale du sport – des mondes sĂ©parĂ©s au sein de la natation compĂ©titive, plutĂŽt qu’une hiĂ©rarchie – peut paraĂźtre rĂ©futĂ©e par le fait Ă©vident que monter» jusqu’au niveau olympique est trĂšs difficile, alors que redescendre » est apparemment facile, comme si une force de gravitĂ© s’exerçait. Nous savons tous que l’on ne devient pas champion olympique en un jour. Il faut du temps pour acquĂ©rir toutes ces habiletĂ©s, saisir les techniques, dĂ©velopper l’envie de gagner, changer ses attitudes, se soumettre Ă  la discipline. Le travail physique, ainsi que les ajustements psychologiques et sociaux sont consĂ©quents. Cette difficultĂ© suggĂšre l’idĂ©e d’une relation asymĂ©trique entre ces mondes. 34Moins Ă©vident, cependant, est le fait que revenir au point de dĂ©part » est difficile pratiquement. PremiĂšrement, les techniques, une fois apprises et incorporĂ©es, ne se dĂ©tĂ©riorent pas en un jour. Un assez grand nombre de nageurs, des annĂ©es aprĂšs s’ĂȘtre retirĂ©s de la compĂ©tition, peuvent revenir et, avec quelques mois d’entraĂźnement, faire de bonnes choses. En 1972, une certaine Sandra Nielson, 16 ans, gagnait trois mĂ©dailles d’or aux Jeux de Munich en natation. En 1984, atteignant juste ses 29 ans, elle participait aux Championnats Nationaux de Course de Distance, se qualifiait pour la finale, et nageait plus vite qu’elle ne l’avait fait 12 ans plus tĂŽt – et avec nettement moins d’entraĂźnement [26]. A ce moment-lĂ , elle avait Ă©tĂ© Ă©loignĂ©e de la compĂ©tition pendant 10 ans, ne revenant que quelques mois avant les Nationaux. Nielson avait trĂšs peu perdu de sa capacitĂ©. 35Ensuite, il semble qu’il y a des effets permanents ou persistants de l’entraĂźnement intensif les attitudes de compĂ©titivitĂ© et les stratĂ©gies pour concourir, une fois apprises sont rarement oubliĂ©es [27]. Et, finalement – et c’est peut ĂȘtre le plus significatif –, la pression sociale est forte pour ne pas redescendre » Ă  un niveau infĂ©rieur de la compĂ©tition. Les super champions » ne sont tout simplement pas les bienvenus dans les championnats de petits clubs de province tant qu’ils ont la super forme, et si leur niveau commence Ă  baisser, l’embarras ressenti a plus de chance de mener simplement Ă  l’abandon du sport plutĂŽt qu’à la poursuite. Le cas peut ĂȘtre semblable au vieux professeur qui, plutĂŽt que d’essayer de rivaliser avec de jeunes collĂšgues dans un champ disciplinaire en rapide Ă©volution, commence Ă  remplir son temps avec davantage de travaux de commission ou d’expertises pour des fondations. Une retraite harmonieusement nĂ©gociĂ©e est prĂ©fĂ©rable Ă  un dĂ©clin humiliant. 36Tous ces arguments peut-ĂȘtre provocants pour suggĂ©rer que le monde de la natation consiste rĂ©ellement en plusieurs mondes, et que les nageurs de haut-niveau » sont plutĂŽt diffĂ©rents que meilleurs. MĂȘme cette formulation laisse entendre qu’à un moment donnĂ© le performer excellent pourrait ĂȘtre dominant Ă  un niveau infĂ©rieur dans cet autre monde. Mais, comme le signale Clausewitz, en comparant les commandants en chef de l’armĂ©e de NapolĂ©on avec un simple colonel 37 Certains commandants en chef n’auraient pas fait brillante figure Ă  la tĂȘte d’un rĂ©giment de cavalerie, et vice versa. » [28] 38Certains ne commencent mĂȘme pas Ă  briller avant d’avoir atteint les plus hauts niveaux. Pour notre propos, le vice versa » de Clausewitz dans la citation ci-dessus nous rappelle la sĂ©paration en sous-espaces, et les principaux points Ă©tablis les niveaux » de la natation sont qualitativement distincts la stratification du sport est discrĂšte, et non continue ; et le sport est le plus adĂ©quatement dĂ©crit comme une collection de mondes relativement – Pourquoi le talent » ne mĂšne pas vers l’excellence39Jusqu’ici, j’ai suggĂ©rĂ© qu’il y a des mondes sociaux distincts au sein de la natation compĂ©titive, et qu’un athlĂšte rejoint ces diffĂ©rents mondes en adoptant les normes de comportement des membres de ces mondes. Cet argument implique, primo, que la plupart des gens ne veulent pas en fait appartenir au plus haut rang, et secundo, que le rĂŽle de l’effort est exagĂ©rĂ©. Je suggĂšre que l’excellence athlĂ©tique est largement inaccessible, voire gĂ©nĂ©ralement non recherchĂ©e. De nombreux individus – disons des centaines de milliers, dans ce pays – ont les ressources physiques pour appartenir Ă  l’élite olympique. Bien qu’il y ait un niveau minimum d’entrĂ©e » en termes de caractĂ©ristiques physiques nĂ©cessaires pour les performances olympiques, ce niveau doit ĂȘtre assez faible, et en aucun cas mesurable. 40A ce point de l’exposĂ©, bien des lecteurs vont demander, Mais que faites-vous du talent ? Le Talent » est peut-ĂȘtre l’explication naĂŻve la plus rĂ©pandue de la rĂ©ussite sportive. Les grands sportifs, semblons-nous croire, sont nĂ©s avec un don spĂ©cial, quasiment une chose » en eux, qui manque aux autres, peut-ĂȘtre physique, gĂ©nĂ©tique, psychologique ou physiologique. Certains l’ont, d’autres non. Alors qu’un athlĂšte, nous le savons, doit s’astreindre Ă  de nombreuses annĂ©es d’entraĂźnement et d’attention pour dĂ©velopper et exercer ce talent, celui-ci est tout le temps en lui », attendant seulement une occasion pour ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©. Quand les enfants font de bonnes performances, on dit d’eux qu’ils ont » du talent si les performances dĂ©clinent, ils peuvent s’entendre dire qu’ils ont gaspillĂ© leur talent ». Nous croyons que c’est ce talent, conçu comme une substance cachĂ©e sous la rĂ©alitĂ© superficielle de la performance qui, finalement, distingue le meilleur parmi nos athlĂštes. 41Mais, sur un plan conceptuel, la notion de talent Ă©choue comme explication du succĂšs sportif. Elle mystifie l’excellence, rĂ©sumant un ensemble d’actions distinctes sous un seul concept indiffĂ©renciĂ©. Pour comprendre ces actions et l’excellence qu’elles constituent, nous devons en premier lieu dĂ©valuer ce concept de talent, et voir lĂ  oĂč il cloche. Sur trois points, je crois, le talent » est inadĂ©quat. 42* Des facteurs autres que le talent expliquent le succĂšs sportif plus prĂ©cisĂ©ment. Nous pouvons voir, sans grande difficultĂ©, ce que sont ces facteurs en natation la localisation gĂ©ographique, particuliĂšrement vivre en Californie du sud oĂč le soleil brille toute l’annĂ©e et oĂč tout le monde nage ; le revenu plutĂŽt Ă©levĂ© de la famille, qui permet de se rendre aux meetings et de payer les droits d’inscription, sans oublier le simple prix d’entrĂ©e des piscines quand on est jeune ; la stature, le poids et les proportions ; la chance ou le choix d’avoir un bon entraĂźneur, qui peut enseigner les habiletĂ© requises ; l’hĂ©ritage d’un bonne structure musculaire – ĂȘtre Ă  la fois fort et souple aide certainement – ; des parents qui s’intĂ©ressent au sport. Certains nageurs, aussi, ressentent davantage de plaisir physique Ă  nager ; certains ont une meilleure coordination ; d’autres encore ont un pourcentage supĂ©rieur de fibres musculaires rapides. De tels facteurs sont nettement identifiables et leurs effets peuvent ĂȘtre clairement dĂ©montrĂ©s. Les confondre tous, peu ou prou, sous la rubrique talent » obscurcit plutĂŽt qu’éclaire la question des sources de l’excellence athlĂ©tique. 43Il est facile de procĂ©der ainsi, spĂ©cialement quand le seul contact avec les athlĂštes de haut-niveau ne se produit que tous les quatre ans en regardant les Jeux olympiques Ă  la tĂ©lĂ©vision, ou quand on ne les voit que durant des compĂ©titions plutĂŽt que dans leur entraĂźnement quotidien. Imaginons, par exemple, qu’un jour, j’allume la tĂ©lĂ©vision et je vois une figure magnifique en patinage artistique rĂ©alisĂ©e par Scott Hamilton. Ce que je vois est la grĂące, la puissance et l’adresse s’exprimant tout ensemble, apparemment sans effort une unique image mobile, rapide et sure, trĂšs Ă©loignĂ©e de ce que je peux faire moi-mĂȘme. En termes phĂ©nomĂ©nologiques, je saisis la performance d’Hamilton de maniĂšre monothĂ©tique », d’un seul coup d’Ɠil, tout Ă  la fois [29]. Son patinage », pourrais-je dire, en me rĂ©fĂ©rant Ă  ses actions comme Ă  une seule chose, est spectaculaire ». Avec cette rapide stĂ©nographie, j’ai captĂ© je pense d’un coup la richesse des infimes dĂ©tails qu’Hamilton a, pendant des annĂ©es et des annĂ©es, assemblĂ©s si harmonieusement en une performance qu’ils deviennent invisibles pour un Ɠil non entraĂźnĂ© [30]. Il est possible que, en se concentrant, Hamilton puisse sentir les dĂ©tails dans ses mouvements certainement, un grand entraĂźneur peut les percevoir, et repĂ©rer la petite faute ou erreur dans une routine par ailleurs sans dĂ©faut. Mais, pour moi, la performance est un tout. 44AprĂšs coup, mes amis et moi pouvons nous asseoir et parler de l’histoire d’Hamilton comme d’une carriĂšre d’excellence », ou qui montre un incroyable investissement », une motivation fantastique » – de nouveaux comme si son excellence, son investissement, sa motivation existaient en quelque sorte tout-Ă -coup. L’excellence devient quelque chose en lui, qu’il nous rĂ©vĂšle pĂ©riodiquement, qui s’exprime de temps Ă  autre sa vie et ses habitudes sont rĂ©ifiĂ©es. Le talent » est simplement le mot employĂ© pour mettre une Ă©tiquette sur cette rĂ©ification. Mais ce n’est pas une explication du succĂšs. 45* On ne peut pas distinguer le talent de ses effets. On ne peut pas voir que le talent existe avant que ses effets ne deviennent Ă©vidents. La recherche de Kalinowski sur les nageurs olympiques le dĂ©montre clairement [31]. 46 Une des dĂ©couvertes les plus Ă©tonnantes de notre Ă©tude est qu’il faut beaucoup de temps pour identifier le talent en natation. En fait, ce n’est pas avant d’avoir des succĂšs au niveau rĂ©gional, et plus souvent encore au niveau national, qu’un enfant est repĂ©rĂ© comme talentueux » p. 173. Il ne m’ont jamais dit que j’avais du talent avant que je ne fasse de trĂšs bonnes performances et que je fasse les Championnats Senior Ă  seize ans ; c’est Ă  ce moment-lĂ  qu’ils ont commencĂ© Ă  dire que j’avais du talent » p. 174. En dĂ©pit des capacitĂ©s physiques qu’il possĂ©dait de naissance, il a fallu plusieurs annĂ©es Ă  Peter six, selon notre estimation pour apparaĂźtre douĂ©. C’est le schĂ©ma le plus frĂ©quent, sinon gĂ©nĂ©ral, que nous trouvons dans nos donnĂ©es sur les nageurs. La plupart d’entre eux sont caractĂ©risĂ©s comme Ă©tant “naturels” ou “douĂ©s”, une fois qu’ils ont consacrĂ© beaucoup de temps et un dur labeur Ă  la discipline » p. 194. Quelles que soient les qualitĂ©s exceptionnelles qu’on lui a reconnues une fois qu’il a Ă©tĂ© plus ĂągĂ© et plus performant, elles n’étaient pas apparentes alors avant qu’il ait treize ans. » 47Les citations ci-dessus suggĂšrent que le talent est dĂ©couvert assez tard dans la carriĂšre, le sens implicite Ă©tant que, bien que l’aptitude de l’athlĂšte existe en permanence, nous ne la voyons pas jusqu’à un moment tardif. Kalinowski, comme beaucoup d’entre nous, conserve la croyance qu’il doit y avoir une chose dans l’athlĂšte qui prĂ©cĂšde et dĂ©termine ses succĂšs, et qui ne sera dĂ©couverte que plus tard. Mais, ses propres rĂ©sultats, Ă  plusieurs reprises, suggĂšrent une interprĂ©tation diffĂ©rente peut-ĂȘtre qu’il n’y a pas quelque chose comme le talent », il y a seulement la performance formidable elle-mĂȘme. Il constate le succĂšs et immĂ©diatement en infĂšre une cause sous-jacente, une cause pour laquelle il n’y a pas d’autres preuves que le succĂšs lui-mĂȘme. Ici, comme dans d’autres cas, le talent notre appellation pour cette cause ne peut ĂȘtre mesurĂ©, ou perçu, ou ressenti, sous aucune forme autre que le succĂšs qu’il est supposĂ© produire. 48Ce faisant, dans l’analyse de Kalinowski – et la vision profane est trĂšs semblable Ă  celle-ci –, rĂ©side une erreur analytique du premier degrĂ© la variable indĂ©pendante et la variable dĂ©pendante ne peuvent pas ĂȘtre mesurĂ©es sĂ©parĂ©ment [32]. 49* La quantitĂ© » de talent nĂ©cessaire au succĂšs en compĂ©tition paraĂźt Ă©tonnamment faible. A premiĂšre vue, il semble plausible qu’il soit nĂ©cessaire d’avoir un certain niveau d’aptitude naturelle pour rĂ©ussir en sport ou en musique, ou dans l’universitĂ©. Mais, aprĂšs enquĂȘte empirique, il reste trĂšs difficile de prĂ©ciser quel est exactement ce minimum physique. A vrai dire, une bonne part de la mythologie sportive est construite autour de personnages qui, manquant d’aptitudes naturelles, ont connu des succĂšs fabuleux. Tout un genre de littĂ©rature Ă©mouvante est construite sur le thĂšme de la personne dont les capacitĂ©s naturelles ordinaires ont Ă©tĂ© dĂ©truites Wilma Rudolph avait eu la polio dans son enfance, avant de remporter le 100 mĂštres aux Jeux olympiques de 1960. Glen Cunningham avait eu les jambes gravement brĂ»lĂ©es dans un incendie, pour, ensuite, battre le record du monde du mile. De telles histoires donnent du grain Ă  moudre aux Ă©crivains sportifs. 50Non seulement ces histoires sont communes, mais elles sont presque un genre. Bien des champions olympiques, quand on Ă©tudie leur histoire, semblent avoir surmontĂ© une forte adversitĂ© dans leur poursuite du succĂšs. Accidents d’automobile, jambe dans le plĂątre, cheville foulĂ©e, chirurgie de l’épaule sont courants dans de telles histoires. En fait, ils sont frĂ©quents dans la vie en gĂ©nĂ©ral. Bien qu’un minimum nĂ©cessaire de force physique, de capacitĂ© pulmonaire et cardiaque, de densitĂ© nerveuse puisse ĂȘtre requis pour obtenir des rĂ©sultats sportifs une fois encore, je ne nie pas les avantages diffĂ©rentiels, ce minimum semble Ă  la fois difficile Ă  dĂ©finir et nettement faible, au moins dans de multiples cas. Peut-ĂȘtre que le facteur dĂ©cisif n’est pas du tout l’aptitude naturelle, mais la volontĂ© de surmonter les dĂ©savantages, naturels ou non, du genre de ceux auxquels la plupart d’entre nous faisons face, allant des obstacles mineurs quand nous grandissons et quand nous travaillons, jusqu’aux accidents et aux blessures, et aux handicaps physiques majeurs. 51Et, ensuite, si le niveau minimum de talent exigĂ© paraĂźt trop faible au point d’ĂȘtre universellement accessible, peut-ĂȘtre que le simple concept de talent lui-mĂȘme – ne diffĂ©renciant pas les performers entre eux – pourrait ĂȘtre complĂštement abandonnĂ©. Il ne permet pas d’expliquer les diffĂ©rences dans les rĂ©sultats. PlutĂŽt que de parler de talent et d’aptitude, on ferait mieux de regarder ce que les gens font rĂ©ellement pour produire des performances extraordinaires. 52Le concept de talent fait obstacle Ă  une claire comprĂ©hension de l’excellence. En fournissant une explication » immĂ©diate mais fallacieuse au succĂšs athlĂ©tique, il satisfait notre curiositĂ© en passant, tout en ne requĂ©rant ni investigation empirique ni questionnement critique de nos prĂ©suppositions tacites Ă  propos des athlĂštes de haut-niveau. Au mieux, c’est un moyen commode pour admettre que nous ne connaissons pas la rĂ©ponse, une sorte de terme profane pour variance inexpliquĂ©e ». Mais, le projet d’expliquer Ă©choue. Ce que nous appelons talent n’est rien de plus que la rĂ©ification projetĂ©e de choses particuliĂšres dĂ©jĂ  accomplies des mains placĂ©es correctement dans l’eau, des virages exĂ©cutĂ©s brusquement, une tĂȘte relevĂ©e plutĂŽt que prĂšs de la surface de l’eau. A travers la notion de talent, nous transformons des actions particuliĂšres qu’un ĂȘtre humain effectue en un objet possĂ©dĂ©, conservĂ© au secret pour le jour oĂč il sera rĂ©vĂ©lĂ© Ă  la vue de tous. 53Cet axe de rĂ©flexion mĂšne vers un autre point. Dans la mesure oĂč le talent ne peut ĂȘtre vu qu’indirectement Ă  travers les effets qu’il est supposĂ© produire, son existence est une affaire de croyance. Le dogme fondamental du talent » dit que ce que les gens font en ce monde a une cause qui rĂ©side par-devers eux, qu’il y a une sorte de rĂ©alitĂ© en arriĂšre-plan oĂč les choses rĂ©elles se produisent, et que ce que nous, vous et moi, voyons ici dans nos vies par ex. la conquĂȘte d’une mĂ©daille d’or est rĂ©ellement le reflet de la vraie rĂ©alitĂ© cachĂ©e derriĂšre. Ceux qui ne sont pas admis dans la compagnie des Ă©lus – les talentueux – ne peuvent jamais voir comment est rĂ©ellement cet autre monde des succĂšs fabuleux, et ne peuvent jamais partager ces expĂ©riences. Et en acceptant cette foi dans le talent, me semble-t-il, nous abandonnons nos chances de comprendre correctement l’excellence. 54Encore et toujours, nous voulons croire dans le talent. Comme Jean-Paul Sartre le dit ce que les gens veulent, c’est qu’on naisse lĂąche ou hĂ©ros » [33], sachant que cela nous protĂšge en dĂ©valuant les rĂ©alisations qu’on prĂ©tend Ă©lever [34]; nous sĂ©parant sur un mode magique de ces gens qui sont de grands athlĂštes, nous assurant que nous sommes incomparables Ă  eux et dĂ©chargeant ceux d’entre nous qui ne sont pas excellents de la responsabilitĂ© de leur propre condition. Qualifier quelqu’un de divin », note Friedrich Nietzsche, signifie Ici, nous n’entrons pas en compĂ©tition » [35]. Avec la notion mystificatrice de talent » et la pseudo-explication in-analysĂ©e des performances exceptionnelles, nous codifions notre propre rĂ©sistance psychologique profonde devant la simple rĂ©alitĂ© du monde, devant la banalitĂ© accablante de l’excellence [36].III – L’excellence au quotidien55 Les gens ne savent pas Ă  quel point le succĂšs est ordinaire » disait Mary T. Meagher, triple championne olympique Ă  Los Angeles, quand on l’interrogeait sur ce que le public comprenait de son sport. Elle expliquait avoir dĂ©butĂ© sa carriĂšre dans une ligue estivale et travaillĂ© pour atteindre des compĂ©titions de niveau de plus en plus Ă©levĂ© ; aprĂšs avoir appris de nouvelles techniques, intĂ©riorisĂ© de nouvelles habitudes, et relevĂ© de nouveaux dĂ©fis [37]. Ce que Meagher disait – Ă  savoir que le succĂšs est, en un sens, ordinaire – s’applique, je crois, Ă  d’autres espaces comme ceux des affaires, de la politique, ainsi qu’aux professions de tous types, y compris acadĂ©miques. Dans ce qui suit, je vais essayer de dĂ©velopper ce point, en donnant des exemples tirĂ©s de mes recherches sur la natation, mais aussi d’autres espaces afin de montrer la gĂ©nĂ©ralitĂ© de cette conception. 56* L’excellence se construit au quotidien 57Une performance exceptionnelle est en fait le produit de douzaines d’habiletĂ©s et d’activitĂ©s, apprises ou acquises de façon fortuite, et patiemment transformĂ©es en habitudes assemblĂ©es dans un tout intĂ©grĂ©. Il n’y a rien d’extraordinaire ou de surhumain dans chacune de ces actions prises isolĂ©ment, si ce n’est que, rĂ©alisĂ©es correctement, avec rĂ©gularitĂ©, et toutes ensemble, elles produisent l’excellence. Quand une nageuse apprend le virage culbute en nage libre, elle nage plus vite ; grĂące Ă  une position alignĂ©e lors de la poussĂ©e sur le mur avec les bras dans le prolongement du corps, elle gagne encore un peu de temps ; elle peut Ă©galement progresser en changeant l’orientation de ses mains lors des actions sous-marines en Ă©vitant la prĂ©sence de bulles d’air, ou en modifiant ses retours aĂ©riens ; en soulevant des charges pour se muscler correctement ; et en adoptant les meilleures tenues pour la glisse dans l’eau, et ainsi de suite [38]. Chacune de ces tĂąches semble limitĂ©e en elle-mĂȘme, mais chacune d’elle permet Ă  l’athlĂšte de nager un peu plus vite. Une fois qu’il a appris et intĂ©grĂ© ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments et bien d’autres, le nageur peut participer aux Jeux olympiques. Une victoire n’est rien d’autre que la synthĂšse de ces innombrables petites choses – mĂȘme si certaines d’entre elles sont faites involontairement ou par d’autres, ce que l’on appelle souvent la chance ». 58Ainsi les petites choses » comptent vraiment. Nous avons dĂ©jĂ  vu comment une trĂšs petite – en termes quantitatifs – diffĂ©rence peut produire un succĂšs notoire. MĂȘme d’apparents hasards peuvent conduire Ă  des mĂ©dailles d’or. 59 Dans l’épreuve du 100 mĂštres nage libre Ă  Los Angeles, Rowdy Gaines, sachant que le starter de la course avait tendance Ă  donner le dĂ©part rapidement, a anticipĂ© le signal ; bien qu’il n’ait pas volĂ© le dĂ©part, l’observation des vidĂ©os de la course donne l’impression que Gaines savait exactement quand partir, que les autres Ă©taient encore sur les plots quand il s’élança. Mais, le starter ne l’a pas rappelĂ©. Et les protestations d’aprĂšs course des autres concurrents furent ignorĂ©es. Gaines a passĂ© des annĂ©es Ă  observer les starters, et il a parlĂ© avec son entraĂźneur Richard Quick de ce starter en particulier avant la course. » [39] 60Gaines n’était pas notoirement plus rapide que plusieurs des autres nageurs de la course, mais avec cette tactique, il conquit un avantage suffisant pour gagner. Et, dans l’ensemble de ses courses, il cherchait Ă  trouver un avantage de ce type dans le cas prĂ©sent, cela lui a permis de remporter la mĂ©daille d’or. Portant attention Ă  de telles subtilitĂ©s, nous pouvons dire que, non seulement les petites choses sont importantes ; Ă  certains Ă©gards, les petites choses sont les seules choses. 61Peter Drucker, le doyen des consultants amĂ©ricains en management, suggĂšre une idĂ©e similaire quand il Ă©crit, Ă  propos du monde des affaires, que ce sont ces petites choses qui, prises dans leur en L'AmĂ©ricain Justin Thomas vainqueur du Tournoi des Champions, Ă  Kapalua Ă  HawaĂŻ, le 5 janvier 2020 / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP AprĂšs un final Ă  trois "hitchcockien" avec Patrick Reed et Xander Schauffele, l'AmĂ©ricain Justin Thomas a remportĂ© au 3e trou de play-off le Tournoi des Champions PGA, lors du 4e et dernier tour dimanche soir Ă  vainqueur en 2017 du PGA Championship, aurait pu rĂ©gler la question sans avoir recours Ă  cette prolongation, sur le parcours de Plantation Ă  Kapalua. Mais deux bogey aux 16e et 18e trous ont permis Ă  ses compatriotes Patrick Reed et Xander Schauffele de recoller, accusant chacun un total de premier trou de play-off c'est Schauffele, leader la veille, qui a craquĂ©, rĂ©ussissant le par lĂ  oĂč ses deux rivaux ont fait mieux avec un birdie chacun. Il a ainsi manquĂ© de peu de rĂ©aliser le doublĂ©, aprĂšs sa victoire de l'an au 3e trou de play-off que Justin Thomas, 26 ans, a finalement eu le dernier mot face Ă  Reed en rĂ©ussissant un autre birdie, pour s'adjuger son 12e tournoi sur le circuit professionnel nord-amĂ©ricain. Le Tournoi des Champions rĂ©unit les vainqueurs de tournois de la saison passĂ©e et donne officieusement le coup d'envoi de la nouvelle final aprĂšs le 4e tour par 73 1. Justin Thomas USA -14 67-73-69-69 3e trou de play-off 2. Patrick Reed USA -14 72-66-74-66 3. Xander Schauffele USA -14 69-68-71-70 4. Patrick Cantlay USA -11 69-71-73-68 5. Rickie Fowler USA -10 68-71-74-69 . Joaquin Niemann CHI -10 66-72-74-70 7. Dustin Johnson USA -9 72-71-71-69 . Collin Morikawa USA -9 71-71-70-71 . Gary Woodland USA -9 73-69-69-7210. Jon Rahm ESP -8 69-73-70-72... PubliĂ© le 01/11/1998 Ă  0000 La section voile du Dicosa organisait derniĂšrement une rĂ©gate. Il s'agissait de la coupe de la ligue qui rĂ©unissait quelques grands champions lasĂ©ristes. Le laser est une discipline olympique. Elle s'adresse Ă  un large public. NĂ©anmoins, la pratique de l'optimiste est un plus non nĂ©gligeable pour prĂ©tendre Ă  naviguer. Le laser se pratique en radical ou en standard. La pratique en standard est trĂšs prisĂ©e puisque c'est elle qui permettra aux adeptes de participer aux Ă©preuves olympiques. Celle-ci demande tout de mĂȘme une taille et une corpulence plutĂŽt contraignante pour tous ceux qui aimeraient brĂ»ler les Ă©tapes vers l'Ă©lite olympique. En effet, en dessous de 75-kg, seule la pratique du radical est possible. La voile de 7,04-m2 explique en partie cette exigence musculaire. Le laser en standard offre Ă  tous les passionnĂ©s de ce sport l'opportunitĂ© d'apprendre les techniques nĂ©cessaires pour accĂ©der aux rangs des meilleurs. Sa voile est plus petite avec 5,70-m2. La Ligue Midi- PyrĂ©nĂ©es compte d'ailleurs diffĂ©rents utilisateurs, les compĂ©titeurs peuvent se donner aux deux formes de navigation. Barthe, responsable de Midi- PyrĂ©nĂ©es, prĂ©sentait ce dimanche une douzaine de lasĂ©ristes. Les stars» de notre rĂ©gion De l'avis d'un des compĂ©titeurs de cette journĂ©e, cette discipline est tout de mĂȘme onĂ©reuse». En effet, l'investissement dans un laser reprĂ©sente environ pour une durĂ©e de vie assez longue. Par contre, ce qui coĂ»te le plus cher est certainement le poste dĂ©placement et hĂ©bergement». Pour se classer aux interlignes, il faut compter des dĂ©placements de trois ou quatre jours. Le trajet, l'hĂ©bergement et la nourriture engendrent des frais qui faisait dire Ă  StĂ©phane Galzin merci aux parents». Ce dimanche, il y avait quelques rĂ©gatiers de haut niveau avec des palmarĂšs trĂšs prometteurs pour l'avenir. Le plus jeune s'appelle Florent Barthe. LasĂ©riste depuis un an et ĂągĂ© de 16-ans, il est une des figures montantes de ce sport. AprĂšs quelques annĂ©es d'optimiste durant lesquelles il avait dĂ©jĂ  participĂ© deux fois au championnat de France 34e en cadet, il se lance dans la section laser et devient champion Midi- PyrĂ©nĂ©es laser 98. Aujourd'hui, son souhait est d'accĂ©der dans le classement des cinquante premiers Français de l'Association France Laser ASL. S'il pratique cette activitĂ©, c'est par goĂ»t de l'Ă©motion que peuvent engendrer les compĂ©titions. C'est un corps Ă  corps qui procure de fortes sensations». Mlle Nathalie Sicard, une des rares jeunes femmes Ă  avoir embrassĂ© ce sport. Elle pratique cette activitĂ© depuis six ans et a aussi commencĂ© par l'optimiste. Vice-championne de France universitaire, elle arrive Ă  concilier ses Ă©tudes en licence de mathĂ©matique Ă  Toulouse avec sa passion. AgĂ©e de 23-ans, elle regrette que notre rĂ©gion soit dĂ©pourvue de candidates. Fleuron du club de voile du Dicosa, sa dĂ©termination pour ce sport reste entiĂšre. Gageons qu'elle sera pour longtemps inscrite aux palmarĂšs de l'Ă©lite du laser. Enfin, StĂ©phane Calzin, ĂągĂ© de 22-ans, pratique la voile depuis onze ans. Champion de Midi-PyrĂ©nĂ©es trois annĂ©es consĂ©cutives, il est Ă©tudiant. Il devait nous avouer qu'ĂȘtre Ă©tudiant Ă©tait un handicap pour rĂ©aliser pleinement sa passion. Se destinant au mĂ©tier de professeur, il a aussi participĂ© au championnat de France universitaire. GĂ©rer l'emploi du temps d'un Ă©tudiant avec le calendrier des entraĂźnements et des compĂ©titions est vraisemblablement la preuve d'une grande volontĂ©, celle d'un sportif. Si cette journĂ©e s'est bien dĂ©roulĂ©e, tout l'encadrement du Dicosa remercie les familles bĂ©nĂ©voles qui se sont impliquĂ©es dans l'organisation. Et notamment la famille Balance avec l'informaticien de premier plan Jean-Michel, les familles Gary, Vual, Boyer et bien d'autres qui se reconnaĂźtront.